Les Dévoreurs de Vile-Tis 


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Introduction


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Les légendes des Wolfen racontent comment ils naquirent de l’amour d’une déesse et d’un loup. Ces mythes justifient la terrible réputation du peuple de la Lune en faisant d’eux des animaux bénis par la nature.

Une nuit, Yllia descendit de son trône céleste pour visiter le Royaume des Mortels. Alors que la Lune s’émerveillait devant la beauté de la nature, son regard se posa sur une meute de loups. La pureté et la puissance de ces nobles animaux subjuguèrent la déesse et attisèrent son désir…

Pour les Dévoreurs, tout ceci n’est qu’un mensonge. Un dieu déchu venu des étoiles, la Bête, leur a dévoilé la véritable histoire de leurs origines. Qui peut prétendre détenir la vérité ?

Une nuit, Yllia descendit de son trône céleste pour visiter le Royaume des Mortels. Alors que la Lune admirait son propre reflet dans un étang, un puissant Loup fut ensorcelé par sa beauté et désira en faire sa compagne.

Une étoile est récemment tombée des cieux et s’est écrasée en plein coeur du territoire d’Ellis, un chef de meute. Les Wolfen d’Ellis s’approchèrent et rencontrèrent Vile-Tis, l’esprit de l’étoile déchue. Celui-ci n’était pas une entité de chair et de sang, mais un être de pure énergie spirituelle. Vile-Tis, dans son infinie puissance, dut prendre possession d’Ellis pour se faire comprendre des autres Wolfen. Ces derniers, sentant l’incroyable férocité de Vile-Tis, le surnommèrent la Bête.

Comment un loup, si fort soit-il, aurait-il pu éveiller l’amour d’une déesse ? C’est alors qu’un dieu étrange vint à la rencontre du chef de meute et lui proposa un marché. Il l’aiderait à réaliser son souhait contre une menue faveur qu’il viendrait lui réclamer plus tard. Le Loup accepta. Le dieu usa de ses pouvoirs pour métamorphoser le Loup en homme d’une divine beauté. L’animal déguisé se présenta à Yllia et celle-ci accepta ses avances.

Ellis, possédé par Vile-Tis, révéla aux Wolfen médusés les jeux des dieux et les atrocités qu’ils faisaient subir à leurs propres enfants. L’esprit de l’étoile voulait lui-même se battre contre ses frères divins, mais refusait de le faire en usant de lâcheté et de subterfuge. La Bête voulait écraser ses adversaires de ses propres mains. Les dieux, qui savaient que seul le pouvoir d’un autre dieu pouvait les tuer, s’unirent pour vaincre Vile-Tis et le précipitèrent sur Aarklash. Ainsi l’insolent dieu guerrier partagerait le destin des mortels et ne reviendrait dans leur assemblée qu’après avoir imploré leur grâce…

La Lune se rendit compte du mensonge en donnant vie à une portée de louveteaux. Son courroux fut terrible : elle maudit le Loup et ses enfants. Ils garderaient à tout jamais la bestialité du fauve, mais celle-ci serait pervertie par la traîtrise de leur père. Ils seraient les plus grands prédateurs d’Aarklash mais ne trouveraient jamais plus l’amour, ni auprès de la nature, ni auprès de l’humanité. Leur sauvagerie serait leur malédiction.

Ainsi naquirent les Wolfen.

Le Premier Né et ses frères Worgs ont toujours menti à leurs enfants en leur disant que la Lune, leur mère, les chérissait entre tous les animaux.

En réalité, Yllia les déteste.

Abasourdis et sceptiques, les Wolfen ne posèrent qu’une seule question à la Bête : quel dieu fourbe et menteur avait offert au Loup de le transformer ?

La réponse de Vile-Tis vint comme un coup de tonnerre.

La Bête s’apprêtait à partir affronter ses frères lorsque Ellis lui proposa un pacte. L’un et l’autre ne désiraient qu’une chose : voir les dieux mourir. Ellis et sa meute seraient les guerriers de Vile-Tis si celui-ci les aidait à prendre leur revanche. Un nouveau pacte fut scellé.

Ainsi naquirent les Dévoreurs.



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Etoile Mourante 


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Compte tenu de leur récente émergence et de leur nombre restreint, doit-on définir les Dévoreurs en tant que peuple, ou en tant que branche issue de la lignée des Wolfen ? Seul le Temps, fléau des dieux, saura répondre à cette question. Jusqu’à présent, les rapports entre les Dévoreurs et les autres peuples se sont limités à de courts échanges, souvent extrêmement violents. Bien des seigneurs ont eu du mal à supporter la présence de ces sombres Wolfen sur leurs terres. Les Disciples de la Bête doivent d’ailleurs leur nom à l’une de leurs plus effroyables coutumes : contrairement à leurs parents Wolfen, ils n’hésitent pas à « dévorer » leurs victimes tombées au combat, parfois vivantes. Il semblerait que cet acte ne soit même pas d’ordre sacré ou tribal, mais plutôt… libérateur.

Les Dévoreurs n’ont pas de territoire désigné, bien que les premiers contacts avec eux aient été répertoriés entre les marécages de No-Dan-Kar et les Bois Noirs des Drunes. Néanmoins, des bandes ont été signalées dans la Plaine des Géants, la Forêt des Toiles et en Bran-Ô-Kor. Celles-ci sont en constant déplacement et laissent derrière elles des campements de fortune aux frontières marquées par les restes déchiquetés de leurs victimes, civilisées de préférence.

Un témoignage capital sur cette communauté errante a été apporté par le Veilleur, un Wolfen proche des Sessairs, alors que ses compagnons humains l’interrogeaient sur cette nouvelle menace. Voici la transcription approximative qui en a été faite et qui a circulé des brumes d’Avagddu jusqu’à celles de Cadwallon.

Les Dévoreurs sont très différents des autres Wolfen. Chacun d’entre eux est parfaitement libre de ses paroles et de ses actions. Il n’y a chez eux aucune hiérarchie, aucune autorité de la part d’un chef : chacun ne mange que ce qu’il a réussi à chasser. Ils ne se déplacent pas en meute, mais en « bande » de plusieurs individus aux intérêts communs. Néanmoins, l’un d’entre eux peut très bien voyager sans autre compagnon que les étoiles et louer ses services au plus offrant... Celui-là est redoutable, car il survit sans l’aide de ses compagnons alors que les dieux veulent sa mort. En temps de guerre comme en temps de paix, ils reconnaissent tout de même l’habileté du plus fort ou du plus sage d’entre eux et acceptent parfois de suivre ses ordres.

Mais les Dévoreurs savent faire preuve d’une ingéniosité aussi brillante que celle des humains et qu’ils ne s’en servent que pour nourrir leur insatiable cruauté. Leur foi en la Bête, qui fait d’eux d’impitoyables guerriers, a perverti leur instinct animal. Ils ont oublié qu’il fallait chasser pour vivre, et non l’inverse ! Je suis certain que les Dévoreurs pourraient accomplir de grands desseins et pourtant… je crois que cela ne les intéresse pas.

Ils ne font guère de différence entre leurs proies et leurs ennemis. Ils ne consomment même pas leurs victimes pour leur voler leur force ou accomplir un geste symbolique, mais seulement pour assouvir un désir contre-nature. Leurs coutumes ne sont pas celles des Wolfen, ni celles de la Lune, encore moins celles de la vie. C’est pour cette raison qu’un Wolfen tentera de punir un Dévoreur à la première occasion et que les créatures sauvages les fuient. Aussi étrange que cela paraisse, les Dévoreurs n’éprouvent aucune rancune ni envers les uns, ni envers les autres.

En d’autres circonstances, j’aurais fait preuve de tolérance. Mais je ne peux pas accepter de tels... monstres... en tant que frères. La manière dont ils traitent leurs ennemis et le désespoir qui les ronge ne sont pas…

Le dernier mot est difficile à transcrire. Il s’agit d’une expression gestuelle signifiant littéralement « issu de la Création ». Dans le langage rudimentaire des Wolfen, ce geste désigne à la fois une créature vivante, la pureté et tout ce qui est en accord avec les lois de la nature.

Pour les Dévoreurs, les dieux ne sont en aucun cas les créateurs de l’univers. Au contraire, ils ont été engendrés par les forces primordiales, comme celles qui ont donné naissance au vent, à la mort ou à la
Magie. Les dieux ne sont donc que des individus extrêmement puissants qui règnent sur la Création en asservissant les êtres plus faibles qu’eux. Les Dévoreurs le savent, car c’est un dieu déchu qui les guide vers un destin qui libérera Aarklash du joug de ses frères : Vile-Tis, la Bête, incarnation de la guerre et du carnage. La Bête a enseigné ses secrets à ses guerriers et les protège de tous les périls qui pourraient s’abattre sur eux. C’est pour cette raison que les Fidèles de la Bête parviennent à enfreindre les lois divines jusqu’à ce qu’elles s’effondrent sur elles-mêmes en un maelström de négation et de paradoxe. En leur présence, le rêve et la dévotion laissent place à la désillusion et au néant.

Vile-Tis leur a aussi donné le secret du métal, leur permettant de forger des armes et des armures sans pareilles sur Aarklash… sauf peut-être chez les Alchimistes de Dirz. Cet élément constitue sans doute un précieux indice pour déterminer la cause de la haine que nourrissent la Bête et ses disciples envers les Syhars.

Les Dévoreurs sont des prédateurs libres, qui méprisent la faiblesse du cycle de la vie.
Aarklash va l’apprendre dans la douleur.



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Les Gardiens des Portes 


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Les Dévoreurs ne se montrent pas immédiatement hostiles envers les représentants des autres peuples. Tant qu’ils ne sont pas affamés et que leurs interlocuteurs se montrent inoffensifs… Les Disciples de la Bête peuvent même se montrer curieux et communicatifs, quoique de manière singulière. Les Dévoreurs ont échangé une part de leur nature animale contre une sensibilité douloureuse et indéfinissable qui oscille sans cesse entre le bien et le mal : la conscience. Certains membres du clergé Akkylannien ont affirmé à ce sujet que les Dévoreurs étaient dotés d’une âme, mais qu’en l’absence de morale, celle-ci était exposée à la corruption et aux Ténèbres. Tous ceux qui ont essayé d’en capturer un pour vérifier cette hypothèse et le convertir à la miséricorde de Merin ont lamentablement échoué.

Les Wolfen d’Yllia ne semblent pouvoir s’allier qu’à ceux qui se montrent proches des voies de la nature sauvage. Nuance subtile : les Dévoreurs, quant à eux, ne s’allient qu’à ceux qui peuvent supporter leur sauvagerie. La guerre qu’ils ont déclarée aux dieux, ainsi que leurs féroces appétits, ont rapproché les Dévoreurs des Keltois du clan des Drunes. Les uns et les autres se lancent dans des raids impitoyables suivis de festins cauchemardesques. Quelques Dévoreurs parmi les plus dérangés ont ainsi rejoint les Drunes et arborent parfois de monstrueux casques dotés de bois de cerf gigantesques.

Mais l’appât de la chair n’est pas le seul : celui du gain n’est pas loin derrière. Les généraux Gobelins de No-Dan-Kar savent tirer parti du sens moral incertain des Dévoreurs et les entraînent dans leur sillage, pour le meilleur comme pour le pire. Ainsi le Baron Ozöhn, dignitaire de la Cour des Neuf Rats, s’est-il allié avec une bande de Dévoreurs lors de la bataille de Fom-Nur en échange de quelques cartes géographiques, de babioles Syhars et d’un bouclier d’apparat trouvé chez un antiquaire d’Indattè.

Les derniers alliés des Dévoreurs sont les seuls à ne pas avoir levé leurs armes en les voyant arriver : les Orques. Les Fils de Chacal et les Disciples de la Bête partagent le même goût pour l’indépendance et ont surtout le même ennemi : les Alchimistes de Dirz. Même si leurs relations sont épisodiques et se dégradent rapidement en temps de paix, les Dévoreurs et les Orques se battent pour la même cause et s’affrontent rarement sans une bonne raison.

Les Dévoreurs viennent d’apparaître sur Aarklash. Aucune certitude ne peut être formulée à leur sujet et nul ne sait si leurs croyances survivront à elles-mêmes. Leur perception différente de l’existence et de la conscience est-elle un signe de grandeur ou de décadence ? Certains se délectent des chairs de leurs adversaires et d’autres semblent chercher un but à poursuivre au fil de leur existence maudite. Jamais la malédiction de la Lune ne fut plus puissante que chez ceux qui l’ont reniée.

Leur croisade contre les dieux est désespérée, aussi n’hésitent-ils pas à s’en détourner de temps à autre pour satisfaire leurs désirs ténébreux. Mais jusqu’à présent, aucune divinité n’a pu les écraser.



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La Bête surgie du Néant


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Bien des Fidèles ont essayé d’en savoir plus sur la Bête. Si Vile-Tis est bien un dieu déchu, de quel panthéon vient-il ? Quel peuple a ainsi perdu un dieu ? Que va-t-il arriver à ce banni, soumis à la Loi du Temps ? A-t-il vraiment le pouvoir de renverser les divinités ?

Beaucoup ne reçurent aucune réponse à leurs suppliques. Mais quelques dieux répondirent à leurs serviteurs.

À la question de ses Fidèles sur l’origine de Vile-Tis, Odnir, Père des dieux Nains, répondit :

« Le Néant ».

Aux requêtes de ses Fidèles qui voulaient savoir ce qu’était réellement la Bête, le dieu Rat répondit :

« Un guerrier assoiffé de vengeance ».

Lorsqu’il sut que ses Fidèles voulaient parler à Vile-Tis, le dieu Chacal les avertit :

« Le chacal et le fauve ne chassent pas ensemble ».

À la question de ses Fidèles sur l’origine de la haine que lui voue la Bête, Arh-Tolth, le dieu Alchimique, répondit :

« Son exil ».

À la question de ses Fidèles qui voulaient savoir pourquoi Vile-Tis lui volait ses enfants, Yllia, la Lune, répondit :

« Pour honorer notre pacte ».