Les griffons d'Akkylannie


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Introduction


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L’histoire des Griffons débuta au détour d’un chemin boisé, dans une Baronnie au nord d’Alahan. De retour d’un conseil de guerre plutôt mouvementé, le noble Arcavius de Sabran, tacticien et seigneur respecté, fut surpris par une violente source de lumière qui le fit chuter de cheval et sombrer dans l’inconscience. À son réveil, il eut une révélation… La vision d’un dieu unique, éternel et omnipotent, père de la Création et de tous les êtres vivants : Merin.

Le dieu igné lui révéla qu’il revenait parmi ses enfants, les Hommes, pour les ramener dans le droit chemin. Les tentations et les faiblesses propres aux êtres vivants les avaient entraînés dans le vice et l’adoration de faux dieux !

Sitôt revenu chez lui, Arcavius de Sabran abandonna son titre, ses fonctions et son domaine pour partir en mission, accompagné de ses serviteurs les plus loyaux. Le charisme d’Arcavius, ses justes paroles et sa grande miséricorde lui attirèrent très vite la sympathie de la population. En peu de temps, cette nouvelle religion supplanta les vieux dieux d’Alahan dans le coeur de centaines d’individus issus de toutes les classes sociales.

Hélas, la popularité du prophète suscita la jalousie des nobles. Arcavius fut reçu par le Roi Heïan et les deux sages surent parvenir à un accord. Il fut convenu que les fidèles de Merin seraient toujours les bienvenus en Alahan, mais qu’il était impossible de faire cohabiter l’Eglise de Merin avec les institutions du Royaume. Les partisans du dieu unique partirent donc en direction de l’est, vers un domaine que nul souverain n’avait encore revendiqué : l’Akhylahn.

Le prophète eut bientôt une nouvelle vision et, sous sa bienveillante autorité, les fidèles de Merin érigèrent les premières maisons d’une patrie faite d’espoir et de progrès. Après avoir posé les fondations de l’Empire d’Akkylannie, Arcavius partit à nouveau en croisade, cette fois pour convertir le reste du continent.

Il ne revint jamais.

L’Akkylannie se développa sous le règne de l’Empereur Honorius, le propre petit-fils d’Arcavius. Hélas, l’Ere de Radiance fut de courte durée. La toute jeune armée du Griffon connut sa première bataille d’envergure à Kaïber, alors que les forces de la Lumière luttaient pour contenir l’infinie vague de noirceur d’Achéron. Pendant ce temps-là, un Moine-Alchimiste nommé Dirz, enivré par sa propre soif de pouvoir, abandonna Merin lorsqu’il découvrit que la science pouvait vaincre la mort. Tout bascula en Akkylannie : la petite armée impériale ne pouvant se battre sur deux fronts, le redressement de la situation fut confié au Siège des Affaires Intérieures... La future Inquisition.

Une vague de folie religieuse succèda à l’Ere de Radiance alors que l’Inquisition brûlait tout sur son passage en pourchassant les hérétiques de Dirz. La tolérance fit place au fanatisme, l’abondance à la terreur, et la compassion à la rédemption. L’autorité de l’Eglise prit lentement le pas sur celle de l’Empereur. Le temps que l’armée menée par le futur Temple revienne de Kaïber, les institutions d’Akkylannie avaient connu un profond bouleversement.

Mais il ne pouvait en être autrement...

L’ère des bûchers perdure à ce jour, plus de trois siècles plus tard, et ne semble pas prête de s’achever. Jamais le peuple n’a eu autant besoin de retrouver l’espoir dans la parole d’Arcavius.

La tâche de gouverner l’Akkylannie revient aujourd’hui à l’Empereur Octave IX et au Pape Innocent. Les hérétiques grondent aux portes de l’Empire, il est temps pour les enfants de Merin de prendre les armes pour défendre leur Eglise, leur patrie, leur avenir !


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Un Idéal divin


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Le développement rapide de l’Akkylannie, d’abord grâce aux directives d’Arcavius puis à l’effort soutenu de ses successeurs, lui donne un aspect des plus singuliers. On décrit souvent l’Akkylannie comme un pays de contrastes.

Depuis l’hérésie des Alchimistes de Dirz, le temps semble suspendu dans la contrée du dieu unique. Le voyageur sera surpris par l’étonnante modernité de ses constructions, en parfaite contradiction avec les mentalités parfois étriquées et l’omniprésente hégémonie de l’Eglise.

Les révélations d’Arcavius ont permis à ses enfants de construire des cités en avance sur leur temps, disposant d’un ingénieux système de centralisation des eaux usées, de chauffage basé sur la vapeur et même d’éclairage dans les quartiers les plus riches. L’architecture du Griffon est à l’image de son Eglise : les bâtiments impériaux sont d’imposants monolithes qui, s’ils défient le ciel, plongent aussi les modestes maisons à leurs pieds dans une ombre humide et perpétuelle. On chuchote parfois l’histoire de ce prisonnier Orque qui, voyant les immenses fortifications des cités de l’Empire, demanda perfidement au Templier qui veillait sur lui si ces murs étaient censés empêcher les envahisseurs d’entrer ou bien les résidents de sortir…

L’Age des Ténèbres est synonyme de paranoïa et de suspicion en Akkylannie. Seuls les prêtres et les dignitaires du Griffon disposent de la sagesse nécessaire à la bonne marche de l’Empire et à la sauvegarde de toute sa population. Mais pour cela, il faut que la volonté de l’Eglise soit respectée à la lettre et la moralité de chacun ne doit souffrir d’aucune tache. Aux yeux des prélats, tout individu qui n’est pas issu de leurs rangs est un hérétique potentiel. La délation est obligatoire, la torture une nécessité : ce n’est qu’à ce prix que la volonté de Merin sera accomplie et que l’âme de ses enfants sera sauvée.

Pour beaucoup, le simple fait d’être appelé à comparaître devant un tribunal inquisitorial constitue déjà une marque indélébile d’infamie. Parce qu’ils ne se soucient pas de la vie ou de la dignité de ceux qu’ils interrogent, les Inquisiteurs ont déjà brisé des familles entières en les jetant en pâture à la rumeur publique. Lorsque l’Inquisition se déplace, quelqu’un doit tomber.

Tout le pouvoir semble reposer entre les mains des Légats de l’Eglise et en particulier aux Cardinaux de Carthag Fero, Denda Cartho et Luonercus, les grandes cités qui bordent les frontières de l’Empire. Chacune de ces villes richissimes est reliée à Arcavia, capitale du Griffon, de toutes les manières possibles. Pourtant, la grande majorité de la population vit en milieu rural, loin de l’ambiance oppressante des cités. Ainsi, en dehors des grandes voies de communication qui relient Arcavia à ses soeurs cardinales, le seul moyen de s’informer ou de communiquer passe par la messe journalière. Un individu mis à l’écart de sa communauté, pour une raison ou pour une autre, est complètement livré à lui-même.

Les églises de Merin peuvent être trouvées partout en Akkylannie, du centre des villages jusqu’aux falaises bordant la mer d’Ephren. Une église d’Akkylannie, en plus d’être un lieu de communion spirituelle, est un véritable centre culturel et social où chaque citoyen peut recevoir conseils, enseignement et soins. Le style de chaque temple de Merin diffère largement en fonction de l’époque au cours de laquelle il a été érigé : les premiers relèvent de la maçonnerie traditionnelle, d’autres sont complètement dépouillés de tout ornement, les plus récents imposent le respect et l’obédience en faisant peser le poids du regard de Merin sur les épaules de leurs visiteurs...


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Flambeaux de Justice


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Aux yeux des autres peuples, les disciples de l’Empire du Griffon passent souvent pour des fanatiques religieux prêts à immoler tout ce qui ne correspond pas à leurs idéaux sur l’autel d’un dieu intransigeant et sans pitié. Cette vision exagérée sert les intérêts, justifiés ou nécessaires, des Griffons. Seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher doivent éprouver de la peur face au bûcher purificateur de Merin !

Les descendants d’Arcavius accordent une grande confiance à leurs alliés et une haine sans borne à leurs ennemis. Pour eux, les arcanes de la politique et de la négociation ne sont que des stratagèmes à employer faute de temps, ou de mieux. Car Merin va revenir juger sa Création : ceux qui l’honorent ou se repentent connaîtront l’Oubli, puis la Renaissance dans un monde meilleur. Les autres subiront les tourments de sa juste colère pour l’éternité... Il est donc du devoir des disciples d’Arcavius de sauver l’âme de leur prochain, quel qu’en soit le prix. La fin du monde est proche, et l’avenir de la Création dépendra du vainqueur du combat qui oppose le Bien et le Mal. Forts de cette certitude, les Griffons ont rejoint l’Alliance de Lumière des Lions d’Alahan et des Elfes Cynwäll : ils apportent le Feu, la foi et le fer au milieu des Ténèbres, calcinant les impurs et guidant les innocents tels des flambeaux de justice.

Mais les disciples d’Arcavius s’encombrent peu de ce genre de discours. Ils préfèrent laisser leurs actes parler pour eux. Deux croisades servent de toile de fond à l’impossible quête de rédemption des Griffons.

La Première Croisade fut bien évidemment déclarée à l’encontre de l’Empire Alchimique de Dirz. Mais cette guerre qui ne devait durer que quelques mois s’étend depuis pratiquement trois siècles... Les Griffons ont largement sous-estimé la science technomagique de leurs ennemis Scorpions. Aux monstres de cauchemar rencontrés en mer succédèrent les premiers clones de combat et leurs régiments d’esclaves Orques, les abominables Tigres de Dirz et les pillards du désert. Jamais le premier détachement de quinze mille hommes ne vit les murs de Shamir. Les survivants établirent une tête de pont près de la cité de Djaran. Cette contre-attaque inattendue déstabilisa les Griffons juste assez de temps pour que les Scorpions puissent organiser une résistance efficace. D’abord sanglante et sans merci, la guerre du désert s’est petit à petit transformée en conflit d’usure et de guérilla, chaque parti ne pouvant plus investir les fonds nécessaires à d’incessantes batailles titanesques. De tels conflits surviennent toujours, bien sûr, mais après des mois et des mois de préparation et d’espionnage… Entre chacune de ces batailles, les Griffons servent de cobayes aux dernières inventions issues des cerveaux malades des Syhars. Chaque zyggourat mise à jour et purifiée au prix de nombreux sacrifices ouvre la voie à deux autres laboratoires ou champs d’essai des Technomanciens.

Cette guerre semble sans fin…

La Seconde Croisade de l’Empire du Griffon fut récemment déclarée par l’Empereur Octave IX, après des années de recherche sur l’emplacement possible du tombeau d’Arcavius. Les conclusions des moines qui ont effectué ces recherches arrivent toutes au même constat : après avoir exploré les ruines de Lanever à la recherche d’un mystérieux sanctuaire, Arcavius a rapidement rebroussé chemin pour repartir vers l’est, sans doute dans ce qui allait devenir la terre des Orques. La Seconde Croisade ponctionne beaucoup moins d’or aux caisses de l’Empire que la première. Pourtant, le nombre de soldats qui se rendent à Bran-Ô-Kor est presque aussi important… Le centre névralgique de la Seconde Croisade est la Commanderie du Temple de l’Est, placée sous la responsabilité du Commandeur Arkhos.

Ainsi, ce sont des centaines de guerriers en provenance d’Akkylannie, d’Alahan, de Lanever et parfois d’ailleurs qui partent chaque mois vers l’est pour tenter d’anéantir les légions Alchimiques dissimulées par le désert ou affronter des hordes d’Orques furieux de voir des étrangers envahir leurs terres. Certains de ces vaillants croisés ont déja combattu pour l’Alliance de Lumière à Kaïber ou dans la Forêt des Toiles. Combien d’entre eux y laisseront un membre, leur santé mentale ou la vie ?

L’Inquisition supervise bien évidemment l’activité des armées qui se rendent dans ces territoires hostiles, mais ses effectifs sont bien plus réduits que dans les terres de l’Empire. En conséquence, le Pape Innocent ne parvient pas à tout saisir des événements parfois étranges qui se déroulent là-bas. Les espions d’Innocent rapportent des actes de pillage et de désertion au sein des Templiers et de leurs Légions du Repentir. La relative proximité des Commanderies de l’Est et du Sud n’arrange rien… Pas plus que le désir de revanche que le Temple nourrit secrètement à l’encontre de l’Inquisition pour avoir transformé la douce Akkylannie en sanglante forêt de bûchers.


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L’Appel d’un Dieu


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On peut croire qu’avoir les Griffons pour alliés peut être pire que de les avoir comme adversaires. Comment savoir si un tel ami ne vous jugera pas demain ? Pourtant, la guerre de la rédemption menée par les Enfants de Merin n’est rien comparée à la sourde douleur qui gronde au fond de leurs cœurs.

La guerre la plus importante ne se déroule pas sur les champs de bataille de Syharhalna ou dans les ravines de Bran-Ô-Kor.

Ce conflit se déroule dans les alcôves des palais, à travers les insupportables manœuvres politiques des plus hauts dignitaires de l’Eglise. Une rumeur raconte que le Pape Innocent serait représenté sur une carte du légendaire Tarot de Cadwallon : l’Arcane XV, le Diable. Pourquoi les prélats de l’Eglise ricanent-ils dans l’ombre des monastères ? Savent-ils pourquoi certains d’entre eux disparaissent mystérieusement en laissant d’énigmatiques messages ? Ont-ils été appelés ailleurs, ou éliminés ?

Qui a su discerner la lueur du doute dans le regard du Pape ?

Cette guerre se déroule également derrière les yeux de l’Empereur Octave IX, partagé entre son désir de justice et les obligations de ses fonctions. Il est le premier Empereur depuis des générations à s’opposer plus ou moins ouvertement aux décisions de l’Eglise. Doit-il entrer dans le même jeu que ses ennemis pour parvenir à ses fins ? Survivra-t-il assez longtemps au feu qui le ronge pour voir se réaliser ses ambitions ?

Cette bataille se déroule dans le Temple Suprême, près d’Arcavia. Proteüs, Grand Maître du Temple, cache des secrets capables d’ébranler les fondations de l’Empire. Il a lui-même été victime de tentatives d’assassinat fomentées par des Exécuteurs au service de mystérieux dignitaires. Le Temple, défenseur de l’Akkylannie, ne doit pas céder. Ni au désir de revanche, ni au mal qui tente de le corrompre, ni à ceux qui veulent le voir s’écrouler…

Le doute n’a pas sa place dans la foi.


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