Orques de Bran-ô-Kor


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Introduction


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Les dieux eux-mêmes ne parviennent pas toujours à maintenir leur emprise sur leurs créations. Aussi, lorsque de simples mortels se piquent à donner naissance à de nouvelles formes de vie, il n’est pas étonnant que certaines d’entre elles échappent à leur contrôle.

Ceci est l’histoire du peuple Orque.

Alors que Shamir n’était encore que la capitale d’un tout jeune empire, des émissaires Gobelins mandatés par Klûne se présentèrent à la Tour. Désireux de nouer des liens diplomatiques entre No-Dan-Kar et l’Empire Alchimique, ils demandèrent à s’entretenir avec les dirigeants de la cité. Pour toute réponse, ils ne reçurent que les quolibets des Syhars et ils se virent offrir un séjour forcé dans les laboratoires des Biochirurgiens.

Ces derniers découvrirent, à leur grande satisfaction, que certains gènes Gobelins présentaient déjà un caractère mutagène latent qui ne demandait qu’à être stimulé. Des expériences destinées à combiner le patrimoine génétique Gobelin à celui des meilleurs clones de combat aboutirent à la création des tout premiers Orques.

Ceux-ci firent cependant preuve d’un caractère lunatique et trop peu agressif au goût des Syhars. Ils furent pour la plupart éliminés et recyclés.

La seconde génération se montra plus prometteuse. Leurs exceptionnelles qualités physiques ainsi qu’une agressivité plus marquée encouragèrent les chercheurs à poursuivre dans cette voie.

Parallèlement à leur recherche du guerrier ultime, les Biochirurgiens créèrent également des femelles Orques. Car si le clonage représentait le moyen le plus rapide de créer des combattants, ce procédé se montrait encore trop coûteux en gemmes de Ténèbres.

La troisième lignée d’Orques qu’ils mirent au point répondait à toutes leurs attentes. Mais ceux-ci allaient être les derniers Orques à voir le jour dans les cuves de Shamir.

Car les Syhars se rendirent compte que les Orques ne réagissaient pas comme les clones humains. Ils se montraient réfractaires à l’autorité, faisant parfois preuve d’agressivité envers leurs maîtres. Ce « défaut » aurait peut-être pu être corrigé, mais les Syhars prirent peur lorsqu’ils se rendirent compte que les Orques avaient développé un véritable esprit de corps, formant une communauté soudée. Et cette peur confina à la panique lorsqu’ils découvrirent que ce qu’ils avaient toujours pris pour des grognements primitifs constituait en fait un langage à part entière.

Puisque les Orques communiquaient entre eux, échangeaient des informations et des idées, ils étaient alors capables de coordonner leurs actions pour se retourner contre leurs créateurs.

Malgré la réticence des Biochirurgiens qui refusaient de voir leurs efforts réduits à néant, le Basyleüs Antykaïn, Grand-Prêtre d’Arh-Tolth et maître de Shamir après Dirz, ordonna que tous les Orques soient mis à mort.

Environ huit cents Orques, mâles et femelles, vivaient alors à Shamir. La nuit qui suivit la décision du Basyleüs, deux cents guerriers Syhars furent mobilisés pour exécuter la sinistre besogne. Lorsque les Orques virent les arbalétriers s’aligner devant leurs cellules, ils comprirent immédiatement. Et le massacre commença. Mais les Syhars avaient sous-estimé la force de leurs créations. Fous de rage, les Orques parvinrent à arracher les grilles de plusieurs cellules. Pris de court, les arbalétriers piégés dans les étroits couloirs furent massacrés à mains nues par les colosses déchaînés. Puis les Orques entreprirent de libérer leurs frères et leurs soeurs avant de se répandre dans la cité. Les Syhars devaient d’ailleurs longtemps regretter de n’avoir pas éliminé les femelles en premier.

Une grande confusion s’empara alors de Shamir. Inquiets à l’idée de savoir les Orques armés et en liberté, les dirigeants de la Tour mirent du temps à réagir. De leur côté, les Orques n’étaient pas non plus d’accord quant à l’attitude à adopter. Certains d’entre-eux, persuadés de pouvoir vaincre les Scorpions grâce à leur seule force, décidèrent de poursuivre le combat alors que les plus sages préférèrent tenter leur chance en traversant le désert. Les premiers périrent tous, sans exception, mais leur sacrifice contribua sans nul doute à couvrir la fuite de leurs frères.

Une longue marche épuisante commença alors pour les fugitifs. Sur les quatre cents Orques qui quittèrent Shamir, la moitié seulement atteignit les ravins au nord de Syharhalna. Là, les Mystiques qui les avaient guidés à travers le désert furent témoins d’une scène qu’ils interprétèrent comme un signe. Ils virent un chacal se jouer du dard mortel d’un scorpion avant de le dévorer. Ils décrétèrent alors que cette terre serait la leur et que, tel le Chacal rusé et patient, ils finiraient par vaincre le Scorpion.

Les Syhars pensèrent tout d’abord que les Orques avaient péri dans le désert, mais lorsque les éclaireurs de Danakil rapportèrent leur présence à la frontière de leur domaine, la crainte de les voir un jour revenir en masse fut si grande qu’ils jurèrent de les traquer jusqu’au dernier. Vœu pieu s’il en est, puisque des centaines d’années plus tard, le peuple Orque n’a jamais été aussi puissant. Durant des décennies, les protégés de Chacal se sont cachés pour échapper aux corps expéditionnaires envoyés par les cités Syhars du nord. Puis, de plus en plus, les chasseurs devinrent eux-mêmes les proies. Et à l’heure actuelle, les Alchimistes ne se risquent plus sur le territoire de Bran-Ô-Kor sans une bonne raison ni escorte conséquente.



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La Terre des Braves


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Après leur périple à travers le désert de Syharhalna, les Orques nommèrent leur nouveau territoire Bran-Ô-Kor, « la Terre des Braves » et ils jurèrent que rien ni personne désormais ne les forcerait à fuir de nouveau.

Cette terre n’a pourtant rien d’un jardin d’abondance.

Le relief de Bran-Ô-Kor est constitué d’une multitude de ravines, de canyons profonds, de plateaux arides et de pitons rocheux dressés vers le ciel. La couleur dominante est le rouge de la roche dont l’érosion a recouvert le sol d’une épaisse couche de poussière ocre.

Des vents brûlants balaient en permanence les plateaux et s’engouffrent en mugissant dans les défilés étroits.

La vie n’est pourtant pas absente de cet endroit, loin de là. Elle y est seulement plus endurcie que n’importe où ailleurs. La végétation se compose de buissons épineux et d’une multitude de variétés de cactus dont la taille varie entre quelques centimètres et plusieurs mètres de haut.

La faune et la flore sont plus variées près des points d’eau et le long des petites rivières qui serpentent au fond des gorges. Ces dernières ne sont alimentées que quelques mois par an, lorsque la neige fond sur les sommets les moins élevés des monts Aegis, mais cela suffit à faire reverdir certains canyons pendant une bonne partie de l’année. C’est ici que la faune de Bran-Ô-Kor est la plus abondante. Alors que les zones désertiques sont le domaine des serpents, des scorpions et des petits mammifères, ces oasis de verdure accueillent une variété d’animaux allant du lion des montagnes au brontops en passant par tout un ensemble de proies et de prédateurs.

Les Orques vivent en symbiose parfaite avec ce milieu. Selon eux, ils n’occupent pas cette terre, mais font partie d’elle car elle leur était destinée depuis toujours. Les Shakas, les prêtres Orques, affirment que le dieu Chacal a fait surgir Bran-Ô-Kor du désert pour accueillir leur peuple. Aussi les Orques se montrent infiniment respectueux de leur environnement. Ils ne brûlent que du bois mort et ne chassent que le strict nécessaire pour se nourrir. Car leur religion est très empreinte d’animisme, ainsi prêtent-ils une âme à toute chose naturelle, animale, végétale ou minérale.

Les tribus Orques sont disséminées dans tous les coins de Bran-Ô-Kor. Certains avancent que cela traduit un manque de cohésion sociale de ce peuple. Il n’en est rien. La multiplicité des communautés est une nécessité qui trouve ses raisons d’être à la fois dans l’histoire des Orques et dans leur milieu de vie.

Dans les années qui suivirent leur fuite, les Syhars envoyèrent de nombreuses expéditions vers Bran-Ô-Kor dans le but d’éradiquer leurs créations. Ainsi les Orques ont-ils pris l’habitude de vivre en petits groupes afin d’échapper plus facilement à leurs poursuivants.

Ils sont aujourd’hui à même de se défendre, mais leur terre est pauvre et la nourriture est peu abondante. De ce fait, il est impossible qu’une communauté importante puisse survivre longtemps en un seul endroit. C’est pourquoi les tribus sont dispersées de manière à utiliser les ressources naturelles à bon escient.

Mais face à l’adversité, les Orques se sont toujours montrés unis. Chaque tribu possède bien sûr un chef, mais ceux-ci savent s’effacer lorsque les Mystiques désignent le Kal-Raïk, le seigneur de guerre qui commande aux tribus unifiées. Car les Orques respectent tout autant la valeur de leurs pairs que leur terre elle-même. En règle générale, ils ne se perdent jamais en querelles de pouvoir. Au contraire, ils sont toujours fiers de servir sous les ordres d’un chef dont chacun estime les qualités.



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Fugitifs Survivants Conquérants


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Jusqu’ici, à l’exception de quelques individus à l’âme aventureuse, les Orques n’ont guère cherché à franchir les limites de leur territoire. Leur quotidien était encore trop empreint d’incertitudes quant à leur propre survie pour qu’ils puissent se consacrer à autre chose que la défense de leur terre.

Cependant de nombreux peuples d’Aarklash se sont intéressés de près à l’émergence des protégés de Chacal. Par intérêt ou par crainte, la plupart des nations du nord surveillent les terres de Bran-Ô-Kor.

Les premiers à prendre contact avec les Orques furent sans aucun doute les Gobelins. Leur « parenté » et l’étrange similitude de leurs destins respectifs - les Gobelins s’étant eux-mêmes affranchis du joug des esclavagistes Nains quelques siècles plus tôt - les rapprochèrent rapidement. Les Orques furent sincères dans l’amitié qu’ils offrirent à leurs parents proches, mais les Gobelins étaient venus à eux plus par intérêt que par compassion. La puissance de ces guerriers issus de leurs propres gènes les fascinaient littéralement et ils espéraient étendre leur emprise sur eux, tout comme ils l’avaient fait avec les Trolls. En outre, ils découvrirent au cours de leurs séjours auprès des Orques que la terre de Bran-Ô-Kor recelait un trésor insoupçonné. En de nombreux endroits, des mares d’un liquide noir, épais et visqueux affleurent à même le sol. Les Orques faisaient un usage primitif de cette substance inflammable et les Gobelins s’y intéressèrent de plus près. Les étonnantes propriétés qu’ils lui découvrirent attisèrent leur convoitise. Mais les Orques prirent rapidement conscience des tentatives grossières des envoyés de No-Dan-Kar pour les manipuler. À l’heure actuelle, les tribus de Bran-Ô-Kor considèrent toujours les Gobelins comme des alliés naturels, mais ils ne leur accordent qu’une confiance très limitée.

Les Orques eurent également de nombreux contacts avec les représentants de l’Empire du Griffon. Ces relations furent tout d’abord conflictuelles car les Akkylanniens établirent des loges templières aux abords du désert sans consulter les tribus Orques. Cette situation déboucha sur de nombreux affrontements. Mais aujourd’hui, beaucoup de chefs Orques ont compris que les Griffons pouvaient se révéler des alliés puissants dans leur lutte contre l’Empire du Scorpion. C’est pourquoi ils tolèrent une présence restreinte des troupes Akkylanniennes sur leur territoire.

D’autres voyageurs vinrent spontanément à eux. Les Orques s’en méfièrent tout d’abord, car leur aspect était effrayant et leurs mœurs plus terrifiantes encore. Ils se nommaient eux-mêmes les Dévoreurs et les Mystiques ressentirent une aura si malsaine en leur présence qu’ils voulurent les chasser. Mais les émissaires de Vile-Tis les persuadèrent de les écouter. Ils leur firent certaines révélations et surent gagner la confiance des Fidèles de Chacal. Car dans le cœur des guerriers de la Bête brûlait une haine envers les Syhars plus forte encore que celle des Akkylanniens, plus profonde même que celle des Orques. Depuis, les Orques renseignent régulièrement les Dévoreurs sur les activités des Scorpions ; lorsque ceux-ci parviennent à traverser Bran-Ô-Kor, ce sont bien souvent les bandes de Dévoreurs qui prennent le relais pour les harceler et contrecarrer leurs plans.

Mais depuis quelques temps, les Orques commencent à manifester certaines velléités de conquêtes. Leur nombre n’a aujourd’hui plus rien à voir avec les quelques dizaines d’individus qui furent guidés par Chacal jusqu’à Bran-Ô-Kor et leurs seigneurs ont appris l’art de la guerre. Ils sont aujourd’hui prêts à prendre leur revanche sur le passé.



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La Magie Instinctive


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Lorsqu’un Orque prétend qu’il est sa terre, il ne parle pas au sens figuré. Les rites des Mystiques leur confèrent un rapport plus qu’intime à leur environnement direct. Ce lien est plus étroit encore que celui qui unit les Shamans Keltois aux Royaumes Elémentaires. Car là où un Keltois se montrera capable de se projeter et de communiquer avec les plan voisins d’Aarklash, un Orque poussera le détachement de soi jusqu’à être réellement l’animal, l’arbre ou le rocher.

Comme son nom le sous-entend, la Magie Instinctive pratiquée par les Orques est une aptitude innée.

À ce sujet, certains théoriciens avancent l’hypothèse qu’il ne s’agirait pas vraiment d’une réelle empathie avec la nature, mais plutôt d’une formidable faculté d’abstraction. Celle-ci permettrait à un sujet réceptif de s’affranchir totalement de ses limites physiques pour se projeter mentalement au coeur d’un nouvel élément.

Partant de ce postulat, il y aurait donc de grandes probabilités pour que ce pouvoir soit apparu à la suite des manipulations génétiques auxquelles les Syhars soumirent jadis les Orques.

Pour leur part, les Orques sont intimement persuadés qu’il s’agit là d’un don que Chacal leur fit pour leur permettre de prospérer sur un territoire où personne d’autre qu’eux ne serait capable de survivre.

Quelle que soit l’origine exacte de ce potentiel psychique tout à fait hors normes, celui-ci est la source de l’une des formes de Magie les plus étranges d’Aarklash.

Il est communément admis qu’en matière de Magie, l’essence précède la forme. Rien ne se crée, rien n’est détruit mais tout se transforme. Ainsi les Magiciens, quelles que soient les Voies de Magie qu’ils suivent, perçoivent et manipulent les essences des Eléments et des Principes pour en altérer la forme. Les Orques ne manient pas ces essences, ils sont la propre essence de leur Magie. Et cette essence est, par instinct, capable de copier certaines autres essences élémentaires pour en acquérir les propriétés. Ainsi, le Shaman Orque est sa propre source de pouvoir, mais il a besoin d’un modèle pour servir de catalyseur à sa Magie.