Les Lions d'Alahan
Introduction
L’histoire du Royaume d’Alahan commença par la rivalité de deux clans Keltois, les Ylliaar et les Lahnar. La terre des Lahnar, Lahnæn, se trouvait aux frontières du monde de la Lumière. Au-delà s’étendait un domaine de Ténèbres, hanté par les créatures de la nuit. Les Lahnars, adorateurs d’un dieu solaire et guerriers émérites, étaient réputés pour être les gardiens de cette frontière. Aussi, lorsque leurs Shamans sentirent la Magie de Lahnæn s’accroître jusqu’à en devenir presque palpable, ils estimèrent avoir été récompensés par les dieux... Mais les Ylliaar, héritiers de la Lune, n’étaient pas de cet avis. Ce clan éparpillé de mystiques vit une menace en ce renouveau magique : ils sentaient là une tentative d’invasion des Ténèbres. Les Ylliaar s’installèrent aux frontières de Lahnæn et se préparèrent à repousser l’assaut des forces infernales.
Des années s’écoulèrent et l’incompréhension se transforma en intolérance, puis en haine. Les incursions des Ylliaar en Lahnæn débouchèrent sur un conflit qui s’amplifia jusqu’à l’inévitable Bataille des Astres, dont aucun combattant ne revint. C’est le moment que choisirent les forces du Mal pour se manifester. Après avoir réveillé les Atrocités, des monstres qui rôdaient sur Aarklash dans l’ombre des dieux Obscurs, les Ténèbres s’emparèrent sans peine de Lahnæn.
C’est alors qu’intervint une divinité qui protège toujours les Lions aujourd’hui : la Chimère. Sous les traits d’une femme Ylliaar, elle proposa une alliance au jeune roi des Lahnar, Leonid le Lion. Lahnar et Ylliaar fusionnèrent pour engendrer un nouveau clan : les Alahaar. Une série de victoires éclatantes s’ensuivirent. Les « Enfants des Astres » parvinrent non seulement à reprendre leur patrie, rebaptisée Alahæn, mais en plus ils s’emparèrent de la Vallée des Ténèbres qui s’étendait autrefois au-delà de leurs frontières !
L’avenir d’Alahæn ne pouvait exister tant que les Atrocités rôdaient sur Aarklash. La délivrance vint d’Alcyd, le fils de Leonid, lorsqu’il plongea son épée dans le cœur noirci de la plus puissante des Atrocités, l’entité que l’on désignait par le nombre 21. Le glorieux couronnement d’Alcyd vit l’unification et la déclaration de souveraineté du Royaume d’Alahæn.
Le règne d’Alcyd marqua la fin de l’Ere de Légende et le début du règne des Rois de Lumière. Le Royaume fut divisé en dix Baronnies et les descendants des Alahaar colonisèrent toutes les parties habitables de leur domaine en quelques générations à peine. Le droit juridique remplaça les traditions et la hiérarchie clanique fit place à la noblesse. Ce royaume d’ordre et de justice marqua à lui seul un tournant dans l’histoire d’Aarklash : pour la première fois, les puissants ne se battaient plus pour faire la loi, mais pour la faire respecter.
Sous l’égide de la Lumière, Alahan se consolida et connut une longue période de prospérité. Ce royaume devint le plus grand territoire humain uni sous l’autorité d’un seul chef. Chacun de ses rois hérita du surnom de Lion et rayonna sur Aarklash comme un exemple de courage, d’honneur et de justice.
Mais c’est en ces terres de vertu que le Mal vint prendre sa revanche. Les Ténèbres prirent lentement possession de la dixième Baronnie du Royaume, Achéron, par l’intermédiaire du Baron Feyd Mantis et de l’Arch-Mage Kaïan Draghost. Les monstres infernaux hantent à nouveau Aarklash : l’Ere de Légende est revenue, de nouveaux héros doivent se dresser face aux Ténèbres.
Alahan est aujourd’hui, plus que jamais, le royaume des légendes et de l’honneur. La tâche qui attend Gorgyn, l’actuel roi d’Alahan, semble sans fin...
Le Royaume légendaire
Le Royaume d’Alahan s’étend des plaines d’Avagddu jusqu’aux glaciers du sud d’Aarklash. Il comptait autrefois dix Baronnies : Achéron, Algérande, Allmoon, Daneran, Doriman, Icquor, Kallienne, Laverne, Luishana et Manilia. La trahison d’Achéron au profit des forces des Ténèbres ne représente pas une grande perte territoriale mais symbolise aux yeux des Lions une tache faite à leur honneur. Il n’y a pas de plus grand ennemi pour un noble issu d’une des nombreuses Maisons des Baronnies que son alter ego de la Baronnie d’Achéron.
Chaque Baronnie porte le nom de sa ville la plus importante et se trouve placée sous la responsabilité d’un Baron désigné par le Roi lui-même. Même la Baronnie-capitale, Kallienne, est placée sous l’autorité du Baron Kelgar de Valady alors que le Roi Gorgyn y réside. Ce découpage administratif est d’ailleurs à l’origine du terme « Barhan » qui désigne « un habitant des Baronnies » et donc, par extension, un sujet d’Alahan.
Les tâches d’un Baron sont à la fois simples à résumer et étendues dans leurs applications. Il doit administrer son domaine en toutes choses et faire respecter la loi à travers le Royaume. Un Baron ne doit répondre de ses décisions qu’auprès du Roi lui-même ou devant le Conseil des Mages de l’Ordre de la Chimère. Cette relative autonomie permet une diversité étonnante et une vie communautaire progressiste : une loi profitable à tous ou une gestion ingénieuse des ressources peut parfois être généralisée à l’ensemble du royaume en un temps record.
Cet état d’esprit, allié à une ingéniosité audacieuse et d’abondantes richesses, font que peu de nations sont capables de rivaliser avec Alahan en termes d’économie et de progrès culturel. La gestion efficace des ressources naturelles et une organisation impeccable permettent au Roi d’entretenir une armée nombreuse, bien entraînée et bien équipée.
Les Lions sont néanmoins très attachés aux valeurs féodales et héroïques colportées par les récits de l’Ere de Légende. La première loi du royaume, posée par Alcyd le Paladin lui-même, stipule que « quiconque accomplit de hauts faits au nom des valeurs du Lion recevra une reconnaissance à la mesure de ses exploits ». La hiérarchie d’Alahan possède de nombreux titres, même si la plupart d’entre eux n’accorde que la gestion d’un domaine plus ou moins important. L’héraldique du Royaume est particulièrement complexe et les blasons symbolisent toute l’histoire des familles qu’ils représentent.
Nés de la fusion des panthéons Lahnar et Ylliaar, ou absorbés au fil des conquêtes, les dieux d’Alahan sont nombreux et hétéroclites. Certains ont même été assimilés les uns aux autres ou ont simplement disparu pour s’accorder aux moeurs des Lions. Les dieux et déesses des Barhans ont tous un protectorat différent et clairement défini. En revanche, bien peu ont des temples entièrement dédiés à leur culte. Un Lion peut pratiquement aller dans n’importe quel lieu de prière de son royaume pour rendre hommage à un dieu particulier. Les temples d’Arïn, principal dieu du royaume, disposent eux-aussi de petits autels dédiés aux membres de sa céleste famille !
Même si le culte rendu à un dieu peut changer d’une Baronnie à l’autre, le coeur du panthéon d’Alahan s’articule autour de quelques grands noms partagés entre le Bien et le Mal. Certaines divinités mineures apparaissent ou subsistent encore, mais font généralement partie du folklore local. La croyance voudrait que les dieux vivent non loin de leurs fidèles, dans un Royaume dissimulé au regard des mortels. L’entrée de ce Royaume se trouverait quelque part sur le domaine du Lion, et n’apparaîtrait que pour un temps limité. La contrée des dieux est gardée par la Chimère elle-même…
Arïn est le premier et le plus célébré des dieux du Lion. Le père de la Lumière est représenté comme un homme mûr veillant sur le monde et portant Lahn. Elad, sa femme, est la déesse de la fertilité, de l’amour et de l’eau. Ses prêtres, proches de la nature et dotés d’une grande maîtrise d’eux-mêmes, ont largement contribué à la réputation diplomatique des Lions. Arakin le Bienveillant est le fils de Arïn et de Elad. Il est le dieu de la guerre, du courage et de l’honneur. Bon nombre de ses Fidèles sont des Moines-Guerriers. Ce n’est pas une surprise qu’ils doivent sans cesse veiller les uns sur les autres pour ne pas tomber sous la coupe de Arakin le Tourmenteur, alter ego maléfique du Bienveillant, personnification de l’inhumanité de la guerre. De leur côté, Tiranor et Kaïn sont les jumeaux de la destinée, bonne ou mauvaise. La relative rareté de leurs temples n’empêche pas les Barhans de les invoquer et de les maudire dès que le hasard se manifeste. La dernière déesse d’Alahan étend son royaume sur les ombres silencieuses de la Mort et du Temps : Azël n’est pas maléfique, mais garde le passage qui sépare le monde des vivants de celui des défunts. Aucun clergé n’a le droit de lui rendre ouvertement hommage, mais l’ordre sacré des Valkyries lui semble étroitement dévoué.
Les Barhans entretiennent un commerce florissant avec de nombreux peuples. Certaines alliances sont moins fragiles que d’autres : les Elfes Daïkinee, les Nains de Tir-Nâ-Bor et les Keltois du clan des Sessairs sont alliés depuis longtemps avec certaines Baronnies, même si leurs relations sont épisodiques. Les principaux alliés des Lions sont les Griffons d’Akkylannie et les Elfes Cynwäll, avec lesquels ils forment la toute-puissante Alliance de Lumière.
La Voie du Lion
L’alliance de l’intrépidité naturelle des Lahnar, de l’héritage culturelle des Ylliaar et de la richesse de leur territoire font des Barhans des hôtes très appréciés auprès des cours de tout le continent. La compétence et l’honnêteté de leurs diplomates égalent sans effort la mielleuse délicatesse et les manipulations machiavéliques de leurs équivalents Syhars. Les Lions, où qu’ils soient et quoi qu’ils fassent, ne laissent personne totalement indifférent. Leurs alliés savent qu’ils pourront toujours compter sur eux, en temps de paix comme en temps de guerre. Leurs ennemis, en revanche, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour entacher la déconcertante noblesse de ces adversaires infatigables.
De par leur nombre, les Lions forment le principal pilier de l’Alliance de Lumière. On peut trouver des régiments en provenance des Baronnies aux quatres coins d’Aarklash, soutenus par les Griffons dans le Syharhalna et par les Dragons dans la Forêt des Toiles. Les rangs de l’armée d’Alahan comptent aussi d’occasionnels francstireurs appâtés par le gain ou inspirés par des promesses de gloire. Car le Lion est juste et récompense toujours ceux qui se battent en son nom... Pourtant, nulle guerre n’est plus impitoyable que celle que les Barhans livrent aux traîtres de la Baronnie d’Achéron.
En particulier à Kaïber, gigantesque forteresse barrant l’accès entre la chaîne montagneuse du Béhémoth et les plateaux de Daneran : là, des centaines de soldats de tous âges et de toutes conditions affrontent la Mort qui les ronge inexorablement, jour après jour. Parce qu’ils ont repoussé les hordes damnées et vaincu des abominations venues de l’au-delà, les vétérans de Kaïber sont particulièrement prisés par les généraux pour leur infaillible courage. Pourtant, une fois revenus à une existence plus paisible, bon nombre d’entre eux n’ont de cesse de retourner affronter l’Enfer à Kaïber, car mener une vie digne de ce nom est devenu trop difficile pour leurs âmes éprouvées.
La guerre se livre aussi partout ailleurs, car l’aristocratie Nécromantique détache ses serviteurs dépravés pour semer le chaos partout où règne la Lumière. Les hérauts du Lion semblent avoir un infaillible sixième sens qui détecte la corruption des Maudits, même si cette dernière se dissimule sous le masque de la respectabilité et de l’innocence. Bon nombre d’aventures épiques débutent lorsqu’un Chevalier du Lion s’arrête dans un village apparemment paisible ou observe une assemblée de courtisanes avec une attention typiquement masculine…
Les Lions ont réussi à transformer leur intrépidité en héroïsme et leur versatilité en richesse. Au contraire de nombreux autres peuples d’Aarklash, ils ne reconnaissent pas leurs véritables alliés sur leur origine ou sur leurs intérêts, mais bel et bien par rapport à leur valeur. C’est ainsi que les armées du Lion ont parfois été rejointes au cours d’une bataille par des régiments inattendus, composés de Sessairs, de Nains ou encore de volontaires civils. Certains récits content même une étrange histoire où un détachement isolé en plein territoire Drune aurait été secouru par une petite bande de Wolfen à qui il avait laissé de la nourriture quelques jours plus tôt.
Les Lions se moquent d’être perçus comme des rêveurs attachés à ces « maladies » que sont l’honneur et l’amour de la justice. Les valeurs qu’ils prônent et partagent les ont hissés à une place incontournable sur l’échiquier politique d’Aarklash.
Leur royaume prospère a choisi de défendre celui des opprimés, aussi immense soit-il et quel qu’en soit le prix…
Les Héritiers de la Chimère
Le Royaume d’Alahan est réputé pour l’impétueux courage de ses soldats, son invincible cavalerie et l’inépuisable pouvoir de ses Mages.
Ces derniers sont regroupés sous l’égide de la plus grande organisation de Magiciens qui soit, l’Ordre de la Chimère. Cette auguste assemblée est dépositaire de l’héritage de la Chimère et perpétue sa mission de sauvegarde de la Lumière. Pourtant, l’Ordre invincible est petit à petit déchiré de l’intérieur par les machinations alambiquées des Maîtres et des nombreuses confréries qui le composent. Les causes avouées de ces conflits sont souvent futiles, comme la paternité d’un sortilège ou l’acquisition d’un apprenti prometteur. Les causes réelles sont souvent inavouables ou indéchiffrables, se transmettant de maître à apprenti sur plusieurs générations.
L’esprit de compétition est très développé, même au sein des élèves des académies de Magie. Parfois, les intrigues grossissent en de rares cas jusqu’à devenir de véritables cabales. Un mot mal prononcé lors d’un discours peut défaire une réputation pourtant acquise au prix de nombreux sacrifices ! Des fratries conservatrices, comme la Manus Hermeticum, ou plus agressives comme les Epées de Lahn, mettent régulièrement en péril la bonne coordination des enseignements magiques du royaume.
Jusqu’à maintenant, ces luttes intestines semblent avoir épargné le Conseil de l’Ordre, dirigé d’une main de fer par la Reine d’Alahan elle-même, Trys la Divine. Néanmoins, cette situation préoccupante pourrait rapidement signifier la fin de l’Ordre si celui-ci ne s’unit pas pour faire face aux dangers qui vont bientôt menacer Aarklash.
Car Méliador le Céleste, Mage Hermétique indépendant et ancien membre de l’Ordre, a rapporté dernièrement avoir rencontré dans un village livré aux forces d’Achéron une créature qui pourrait bien être... l’une des Atrocités originelles.